Rivière souterraine de Champdeniers
|(Rivière souterraine de Champdeniers – Extrait de Sous les Deux-Sèvres du CDS 79)
Télécharger la Topo de la rivière en cliquant ici
Descriptif simplifié de la rivière souterraine de Champdeniers
Accessibilité et visites de la rivière souterraine de Champdeniers :
La rivière souterraine de Champdeniers située dans le département des Deux-Sèvres (79) fait l’objet d’une convention écrite entre la commune de Champdeniers, propriétaire de l’accès à la rivière, et le CDS 79 (Comité Départemental de Spéléologie des Deux-Sèvres). A ce titre, à l’occasion de chaque sortie dans la rivière souterraine de Champdeniers, une autorisation d’accès doit être demandée auprès du CDS 79 qui en informera ensuite la mairie de Champdeniers.
Attention : Pour les demandes de visite du public (scolaires, CE, mineurs, particuliers, etc…) non spéléologues, en dehors des Journées Nationales de la Spéléologie, l’encadrement par un spéléologue professionnel (Diplômé d’Etat) est obligatoire. A ce jour, deux structures professionnelles assurent les visites. Vous trouverez toutes l’information nécessaire pour les contacter sur le lien suivant : https://www.cds79-speleo.fr/reservation-initiation-speleo-deux-sevres/
Formulaire de demande d’accès pour les spéléologues FFS > https://www.cds79-speleo.fr/demande-dacces-aux-rivieres-souterraines-des-deux-sevres/
Avant chaque sortie envisagée dans la rivière, le CDS 79 doit être informé :
- Le nombre de participants
- Les noms, prénoms et numéro de licence FF Spéléo des spéléologues fédérés
- Les noms, prénoms et numéro des tickets assurance à la journée des visiteurs non fédérés
- Le jour et les horaires de visites prévus dans la rivière souterraine
Situation géographique de la rivière souterraine de Champdeniers :
A vingt kilomètres au Nord de Niort, à la limite entre la plaine de Niort et la Gâtine, s’élève une butte témoin où est construit le bourg de Champdeniers. Cette butte est limitée au Sud par la vallée de l’Egray et au Nord-Ouest par une autre vallée parcourue par un ruisseau appelé « le Gâchet ». C’est au lieu-dit « la Chauvinière » que ce ruisseau voit son cours interrompu par la perte de ses eaux dans les fissures de la butte calcaire, pour reparaître de l’autre côté, à quelques deux kilomètres, au pied Sud-Sud-Est du coteau de Champdeniers, à la « Grande Fontaine ». De là, il continue son cours, dans la vallée de l’Egray. La pénétration du réseau ne peut, jusqu’à présent, se faire qu’à partir de cette résurgence.
EXPLORATIONS
Commencés en 1963, les travaux menés au gouffre de la Chauvinière et à la Grande Fontaine restèrent longtemps vains. Ce n’est que le 18 octobre 1970 que la cavité fut pénétrée par G. BOUQUET et P. POUSSOU. L’accès à la rivière souterraine de Champdeniers n’étant possible qu’en période d’étiage, ce n’est qu’à la fin de l’été 1971 que l’exploration put être achevée. En rapportant le relevé topographique des 105 premiers mètres au plan cadastral de Champdeniers, on s’aperçut alors que la 3e salle du réseau affleurait la surface du coteau, permettant d’envisager une nouvelle entrée rendant l’accès du réseau plus facile et possible en toute saison. L’ouverture fut achevée en août 1972.
Description de la cavité :
A) Le couloir principal
Schématiquement, la cavité se présente sous la forme d’un couloir principal, assez spacieux, ayant une largeur moyenne de 3 à 4 mètres et une hauteur de 1,50 à 2 mètres ; cette galerie principale est entrecoupée de salles situées à des carrefours de boyaux secondaires. L’orientation générale de la galerie est Nord-Nord-Ouest. L’entrée naturelle se présente sous la forme d’un couloir très bas, noyé en période de hautes eaux ; on y progresse à plat ventre pendant une dizaine de mètres avant de déboucher dans le couloir principal.
Quelques mètres vers l’aval, la progression est stoppée par un siphon en relation avec l’extérieur par un boyau impénétrable situé à quelques mètres de l’entrée. Vers l’amont, il faut d’abord nager sur une dizaine de mètres avant de marcher dans la rivière dont la profondeur diminue progressivement. A 34 mètres de l’entrée, la galerie est barrée par un effondrement de la voûte ; seul subsiste un étroit passage. Après un rabaissement du plafond, on atteint une salle –la salle des Fistuleuses– de 10 mètres de long sur 4 mètres de large, concrétionnée.
Après un court passage bas de 5 mètres, on traverse à nouveau une salle de 10 mètres sur 15 et 8 mètres de hauteur, très concrétionnée ; c’est le « Théâtre des Excentriques ».
La progression se fait ensuite à quatre pattes sur 50 mètres, dans une galerie entrecoupée de quelques diaclases et siphonnante en période de crue.
A 105 mètres de l’entrée, la rivière fait un angle droit vers la droite en même temps que la voûte se relève ; à gauche une cheminée aboutit, cinq mètres plus haut, dans une salle de 7 mètres de large sur 10 mètres de long dans laquelle a été percée l’entrée artificielle. C’est à partir d’ici que commence de nos jours la visite de la rivière souterraine de Champdeniers.
On remonte ensuite la rivière pendant une centaine de mètres dans un couloir assez sinueux en marchant dans une faible profondeur d’eau ; on arrive dans une salle (la salle des « Gypses ») assez allongée, d’une dizaine de mètres de hauteur. Un important éboulis forme à son sommet un étage supérieur où l’on accède par une main courante ; c’est là qu’au fond d’une sorte de niche, sur un sol sableux, se sont cristallisées de fines aiguilles de gypse.
Le parcours se poursuit dans un véritable couloir de métro jusqu’à une salle -la salle des « Dunes »– dont la voûte s’élève à 14 mètres ; c’est en fait un carrefour entre le couloir principal et le couloir -dit des « Dunes »- qui débouche sur la gauche, derrière un éboulis à travers lequel cascade un ruisseau.
A 392 mètres de l’entrée, on arrive à la « Grande Marmite » une salle presque circulaire, assez étroite, de 10 mètres de haut ; un cône d’éboulis y constitue un petit obstacle que l’on doit franchir. La progression est ensuite facile, dans une eau peu profonde, par un large couloir, jusqu’à une vasque dont la profondeur est de 1,20 mètres ; on est à 550 mètres de l’entrée. Le couloir repart en angle droit vers la gauche. Cette vasque s’appelle « la Baignoire ».
Le couloir de Damoclès
Après la traversée de la vasque, on remonte la nappe sur 11 mètres entre deux parois très travaillées par l’eau, pour aboutir sur un éboulis qui barre la rivière : on franchit l’éboulis et le parcours se poursuit toujours aisément. A 629 mètres de l’entrée, nous sommes au pied du « Grand Eboulis » ; on atteint là une zone où une barre d’effondrement interdit toute progression vers l’amont de la rivière.
A sa base, sur la droite, un étroit passage entre les blocs permet d’accéder à un couloir de 1 mètre de large sur 1,80 mètre de hauteur, aux parois très érodées et dans lequel coule une eau mouvementée ; c’est le couloir de « la Cascade ». On arrive d’ailleurs à celle-ci 20 mètres plus loin ; elle tombe d’une hauteur de 70 cm, par ouverture dans la paroi de droite et constitue la principale arrivée d’eau de la rivière.
En continuant sur 8 mètres le couloir principal, on arrive à un deuxième embranchement. A droite, entre la paroi et les blocs effondrés s’élève la « Grande Cheminée »; à gauche part un boyau appelé le « Labyrinthe ». Par le « Labyrinthe », on aboutit 12 mètres plus loin au pied d’un éboulis, dans l’ancien couloir principal.
Après quelques mètres, une ouverture donne accès, par une courte escalade, à la partie haute du « Grand Eboulis ». La salle formée par cet effondrement est la plus vaste du réseau ; 20 mètres sur 30 et 15 mètres de hauteur.
B) Le Couloir des « Dunes »
A la salle des « Dunes », on escalade l’éboulis de gauche pour se retrouver derrière le lit d’un ruisselet qu’on remonte, au prix d’un passage étroit ; on se retrouve au fond d’une tranchée étroite que le ruisselet a creusé entre d’importants dépôts d’argile qu’il faut escalader sur la droite un peu plus loin.
Là, on découvre l’important couloir de 6 mètres de section, comblé par un remplissage d’argile sur plus de la moitié de sa hauteur. Ce couloir remonte vers la salle « Ronde » au sol très chaotique, au-delà de laquelle les éboulis interdisent rapidement toute continuation.
C) Le couloir de « la Licorne »
Le couloir de « la Licorne », aux parois extrêmement déchiquetées, se remonte à quatre pattes sur environ 25 mètres au bout desquels on est irrémédiablement stoppé par un effondrement.
D) La « Grande Cheminée »
Elle s’élève à droite de l’entrée du « Labyrinthe ». Une escalade facile permet d’accéder à une petite salle, très basse, située à la base d’un éboulis argileux. En remontant le cône d’éboulis vers son centre, on arrive à une petite ouverture donnant accès à la « Salle de la Goutte d’eau », à plus de 10 mètres du lit de la rivière. A 695 mètres de l’entrée, c’est le point extrême du réseau. Sa voûte est coupée par une diaclase orientée nord-nord-ouest-sud-sud-est. Un cône d’éboulis remonte vers ce qui fut sans doute une communication avec la surface.
Situation géologique de la rivière souterraine de Champdeniers :
A) Stratigraphie
La coupe géologique ci-jointe est réalisée entre les gouffres de la Chauvinière et la Grande Fontaine. Elle montre les assises constitutives de la butte témoin du Jurassique inférieur portant le bourg de Champdeniers. On y observe toutes les strates du Lias, qu’on peut voir affleurer sur la rive droite de l’Egray en surplomb du point d’eau. De bas en haut, ce sont :
1° Le Lias inférieur ou Sinémuro-Hettangien les deux étages étant difficilement dissociables dans la région. La dualité lithologique observée entre la base et le sommet correspond en fait à un front de dolomitisation variable d’un endroit à l’autre. Deux faciès se partagent donc le Lias inférieur :
a) à la base se trouve un calcaire plus ou moins pulvérulent dit « jaune nankin » très dolomitisé. C’est dans cette formation que se trouvent les principaux griffons de la source captée. L’exploration spéléologique de l’un d’eux a permis de découvrir un réseau karstique très développé, actuellement parcouru sur 800 mètres environ. Son ampleur atteste l’intensité des phénomènes de corrosion intéressant les terrains liasiques.
b) le sommet du Lias inférieur est constitué par quelques mètres d’un calcaire sublithographique de teinte grisâtre ou jaunâtre. Ce calcaire à grains fins et à cassure conchoïdale est connu sous le nom de « caillebotine ».
2° Le Lias moyen est un calcaire gréseux, saccharoïde très fissuré débutant par un conglomérat de base (20 à 25 cm d’épaisseur) à gros galets de quartz. L’essentiel de la formation, épaisse d’une dizaine de mètres, est d’âge domérien. Elle supporte la bordure Sud et le centre du bourg de Champdeniers.
3° Le Lias supérieur est représenté par le Toarcien marneux et imperméable dont la puissance est de 7 à 8 mètres. Le Nord du bourg est situé à la surface de cet étage. Couronnant cet îlot liasique, se trouvent des dépôts superficiels sous forme d’argiles résiduelles à silex, provenant de la décomposition des couches du Jurassique moyen démantelées pendant le Tertiaire. L’épaisseur de la roche meuble est variable : elle peut atteindre plusieurs mètres.
B) Tectonique (d’après B. COIRIER)
Les strates sédimentaires précédentes sont affectées d’un pendage de 2 à 4° vers le Sud.
Hydrologie de la rivière souterraine de Champdeniers :
L’origine des eaux de la Grande Fontaine est au moins double.
1° Deux marquages à la fluorescéine (12 et 17 mai 1969) des eaux du ruisseau du Gâchet, disparaissant au gouffre de la Chauvinière (commune de Cours) et réapparaissant une dizaine d’heures après à la Grande Fontaine, ont permis d’élucider l’origine d’une partie de ces eaux. La vitesse maximum des filets d’eau marquée par le traceur, en supposant le trajet souterrain direct et voisin de 1600 mètres, fut de 220 mètres à l’heure, la vitesse moyenne de 145 mètres, la vitesse minimum de 70 mètres.
2° Il n’est pas douteux que les eaux météoriques infiltrées au niveau du bourg, et pouvant être temporairement retenues par les marnes toarciennes vers le nord, viennent en définitive grossir le débit du point d’eau après avoir ruisselé sur la tranche du Toarcien imperméable. Elles gagnent donc finalement le réseau karstique infra-toarcien et sont drainées vers le chenal collecteur aboutissant à la fontaine.
Caractéristiques minéralogiques et chimiques de la rivière souterraine de Champdeniers :
Le résultat d’une analyse bactériologique de l’eau brute de la Grande Fontaine effectuée le 24 février 1972 par le Laboratoire de contrôle des eaux d’alimentation des Deux-Sèvres, souligne une teneur importante en matières organiques. Par ailleurs, on constate presque en permanence des traces d’hydrocarbures ainsi qu’une certaine turbidité jaunâtre de l’eau. Il s’agit donc d’une eau très polluée.
1° Les eaux du Gâchet qui s’engagent dans l’îlot jurassique, particulièrement au gouffre de la Chauvinière, sont des eaux aériennes non protégées dont les foyers de contaminations sont divers (fermes, épandages agricoles, etc..). Ces eaux ne sont filtrées ni par une couche meuble superficielle ni dans le souterrain, puisqu’elles cheminent dans un très vaste réseau karstique. Le temps de séjour dans le réseau est d’ailleurs peu important, surtout en période de crue. Il résulte que leur parcours souterrain les modifie à peine, tant au point de vue physico-chimique que bactériologique. Ainsi, les différences de températures entre les eaux afférentes et efférentes du karst sont toujours faibles. Les eaux de la Grande Fontaine épousent parfaitement les différences de températures externes, le temps de transmission dans le réseau n’étant pas suffisant pour que son rôle de régulateur thermique soit efficace. Il en résulte une température assez basse l’hiver et assez chaude l’été.
De même, le trouble jaunâtre des eaux du Gâchet se retrouve à peine atténué à la Grande Fontaine. Il n’est pas impossible que cette turbidité soit due à des particules d’argile colloïdale en suspension, celles-ci pouvant fixer certains oxydes de fer tels que Fe2 O3.
2° Les eaux de ruissellement de la majeure partie du bourg (seule la bordure nord est à la surface des marnes toarciennes imperméables) aboutissent sans aucune filtration par le terrain en place, dans le réseau karstique déterminant la Grande Fontaine. Les eaux météoriques entraînent ainsi les eaux de « lessivage » du sol au cours des périodes pluvieuses. Mais il est hors de doute que les eaux usées ménagères de même que les eaux vannes, quand elles ne sont pas collectées dans des fosses étanches, parcourent les diaclases, per descensum, et viennent ainsi souiller le réseau aquifère qui les recueille. Les traces d’hydrocarbures polluant le point d’eau ont sans doute une origine analogue.
La faune présente dans la rivière souterraine de Champdeniers :
A part quelques Niphargus, aucune trace de vie cavernicole n’a été décelée jusqu’à présent. Par contre, il existe une abondante faune de transfert entre la perte et la résurgence (anguilles, petits poissons, etc..) ainsi que des grenouilles, des crapauds, de nombreux insectes et des araignées ; on a aussi relevé des empreintes de petits mammifères.
Le concrétionnement de la cavité de Champdeniers :
Le concrétionnement est localisé en certains points du réseau. Les endroits non concrétionnés correspondent à des zones abritées des infiltrations par les îlots imperméables des marnes toarciennes.
Observation :
La faible dénivellation entre la perte et la résurgence ainsi que l’entrée artificielle sont deux facteurs qui font que l’accès de la cavité est à la portée de tous. Les spéléologues des Deux-Sèvres ont vu là une occasion d’organiser de nombreuses visites d’initiation et de découverte du milieu souterrain, tant au niveau scolaire que public.
Excellente présentation détaillée du parcours qui me pousse à découvrir.
Ancien ouvrier du bâtiment âge de 71 ans, pondérence bien assise, quelques douleurs qui me rappellent que je n’ai plus 20 ans.
Pensez vous que cela puisse être envisageable.
Si oui,quel serait le prix pour une famille, moi 71 ans, le fils 48 ans, la petite fille 14 ans pour la troisième semaine de juillet. Les dates seront plus précises dans quelques jours. Dans l’attente, bravo et a bientôt, vite.
Cordialement Bernard HELLER
Bonjour et merci pour votre commentaire.
Oui la rivière souterraine de Champdeniers est beaucoup plus accessible que celle de St-Christophe-sur-Roc. Il ne s’agit cependant pas d’une simple balade et il ne faut pas présenter de problèmes cardiaques ou physiques importants pour évoluer en toute sécurité dans cette rivière (quelques passages bas accroupis et tête baissée sur plusieurs mètres, descente et montée sur certains blocs de rocher, etc…).
Il existe trois possibilités pour visiter cette rivière souterraine :
– Etre spéléologue licencié à la Fédération Française de Spéléologie. L’idéal étant de se rapprocher d’un club de spéléologie quand on débute cette activité.
– Faire appel à un spéléologue professionnel habilité à emmener du public sous terre. Dans les Deux-Sèvres, un spéléologue professionnel interviendra durant une semaine en juillet 2021. Malheureusement à l’heure où je vous écris, tout est complet pour Champdeniers : https://emergence-speleo.com/speleo2sevres
– S’inscrire lors des Journées Nationales de la spéléologie qui ont lieu tous les ans le 1er week-end d’octobre. Là également, le nombre de places est très limité (50 places en moyenne). Nous ouvrons les réservations durant le mois de septembre sur notre site internet (n’hésitez pas à suivre nos réseaux sociaux également pour ne pas rater l’information).
Bonne journée !